Carnet des vadrouilleuses
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Amazonie Péruvienne
Remontée de l’Amazone: Journal de Bord


Nous montons à bord de l'Eduardo IX vers 11h. L'officier à l’entrée de la calle nous confirme le départ du cargo à 14h. Nous demandons à voyager en cabine (pour la sécurité de nos bagages) mais ce n'est plus possible. Il semblerait que les cabines soient maintenant réservées pour l’équipage…
Nous montons sur le pont supérieur accompagnées d'un gars que l'on pense membre de l’équipage, mais une fois nos hamacs installés par ses soins, le quidam nous demande un pourboire ! Grrrrr !
Dix minutes plus tard, nous sommes priées par un membre de l’équipage ( un vrai cette fois) de retirer nos hamacs et d'aller les installer sur le pont inférieur. Apparemment, on ne peut pas s'installer ici. Nous redescendons donc sur le pont inférieur. Toujours aucun autre passager… Nous sommes hésitantes, pas rassurées à l’idée d'éventuellement nous retrouver seules pendant 3 jours et 3 nuits avec tout un équipage masculin… Nous décidons donc d'attendre avant d'installer nos hamacs, et de voir si d'autres passagers féminins se joignent à nous.

Un jeune couple attendant famille finit par arriver. Renseignements pris, ils vont aussi jusque Yurimaguas ! OK, on installe nos hamacs alors !
Juste avant le départ, quelques autres passagers arrivent encore, dont deux autres femmes. Parfait !

Vers 15h, l'Eduardo IX se met en branle et sort du port, non sans fracas de carrosseries… Seulement 1h de retard, sans doute un record pour ce bateau réputé pour retarder parfois son départ des journées entières !
Et c’est parti ...


Nous naviguons calmement, bercées dans nos hamacs par le rythme de l'Amazone. Il n’y a pas trop de monde, chacun a son espace sur le pont, c'est plutôt agréable. Régulièrement le bateau s’arrête pour décharger des marchandises dans des petits villages endormis sur les berges du rio.







Il fait très chaud, mais de grosses averses tropicales rafraîchissent régulièrement l’atmosphère. Les nuits quant à elles sont plutôt fraîches et nos couvertures en laine de yack népalais sont plus que bienvenues.
Les repas, servis à 5h30 du matin, 11h30 puis 17h sont dignes d'une prison bas de gamme, mais on a des crackers dans le sac pour compenser !




Et puis, vers 14h le second jour, après un arrêt pour approvisionner un village, le bateau semble avoir quelques soucis pour redémarrer… durant 2 heures, le bateau dérive, emporté par le courant, sur ses « propres pas », tandis que des coups de marteaux retentissent dans la calle…. Après 1h de ce régime, le bateau finit par s’échouer sur une berge, alors que ça s'affaire toujours, mais plus délicatement un étage en-dessous… A l'heure du souper, nous apprenons qu'il y a un ennui mécanique mais que le moteur va bien (heiiin ?) et que la pièce (ou le réparateur ?) arrivera le lendemain vers 6h… nous voici donc en stand-by sur les berges de l’Amazone, attaquées par des hordes voraces de moustiques mutants sortant de la jungle voisine… Au réveil, Flavia en accuse les frais…






Vers 9h, un bonhomme arrive à bord du bateau rapide reliant Nauta à Yurimaguas ! Notre sauveur – ou pas – Allers-retours, bruits dans la calle, essais… rien n'y fait !
Voilà bientôt 24 h que nous sommes en rade, mais dans notre malheur, nous sommes installées confortablement dans nos hamacs, avec de la lecture en suffisance! Ça pourrait être pire !



Vers 14h, le Eduardo X, parti d'Iquitos un jour après nous, arrive. Nous pensons que nous allons continuer le trajet à son bord, mais que nenni !
Les voilà qui ligotent les deux bateaux côte à côte, et en moins de temps qu'il faut pour le dire, nous sommes repartis ! Avec ce système de remorquage, les livraisons seront assurées tout au long du trajet sans la complication de 2 bateaux à la queue leu leu… Heureusement que le fleuve est large...



Et le trajet reprend, au rythme de l’Amazone et bercées dans nos hamacs, presque comme si de rien n'était ! On oublie presque qu'on est en panne !



Et puis après un arrêt, voilà que les 2 bateaux sont séparés ! Et notre moteur fonctionne à nouveau…. On ne saura jamais si un miracle s’est produit (peu probable) ou si une pièce a été livrée lors d'un arrêt (beaucoup plus probable). Mais nous revoilà seuls au milieu de l'amazone.


Pendant plus d'une journée, nous naviguons ainsi côté à côté, nous arrêtant dans les villages pour charger et décharger marchandises et passagers de l’un ou l’autre bateau.





Et puis, en fin de journée, alors que nous naviguions paisiblement, voilà que le bateau s'amarre à nouveau sur les berges luxuriantes. Nous craignons le pire… Nouvel ennui mécanique ? Mais non ! Les matelots partent couper du bois ! On se dit que c’est pour la cuisine, étant donné que depuis hier soir on n'a plus de gaz et que la cuisine de nos repas a été assurée entre le bateau voisin et le barbecue qui a été allumé et nous a enfumé toute la matinée… Nous pensions que les 2 coquelets apparus sur le pont à notre réveil en était la cause. Etant donné la nourriture infâme et bouillie, un poulet grillé nous mettait l’eau à la bouche mais non ! On a cru vers 14h que le capitaine s’en allait leur tordre le coup mais il s'est avéré qu'il avait simplement envie d'en cajoler un…




Enfin bref, le bois n’était pas pour le feu ! Les matelots avaient juste envie de fabriquer un rangement pour des palettes sur le pont inférieur !!!! Trois heures d’arrêt pour ça…


Après une nouvelle nuit entrecoupée d'allers-retours des marins et du bateau ( cette zone du fleuve étant plus basse, il fallait parfois sonder pour voir la profondeur et parfois choisir un autre chemin…) nous arrivons à Yurimaguas en même temps que l’aurore.


Nous avons tôt fait de sauter dans une mototaxi pour rejoindre un collectivo à destination de Tarapoto.

Tarapoto n'est qu'une courte étape d'une journée, petite pause pour reprendre pied sur le plancher des vaches avant de continuer vers Chachapoyas.
